En attendant ce concert unique, vous trouverez ci-dessous quelques états d'âme que Sarclo a bien voulu nous confier et qui montrent son attachement à Brassens, ainsi que le témoignage émouvant de Gérard Morel et sa reconnaissance pour celui qui l'a "guidé", "formé", et lui a permis d'oser monter sur scène pour notre plus grand bonheur...

" Les journées Brassens ont fait faillite juste après que j'aie eu le prix (Brassens) à Sète en 1990. Allez comprendre...

Le président du jury, Maxime Leforestier, m'a demandé sur la scène du théâtre, devant les huiles,
ce que ça me faisait de recevoir ce prix et ce que représentait Brassens pour ma pomme...
je lui ai dit : par rapport à Brassens, j'ai un handicap et un avantage...

Ah oui, et lesquels, m'a-t-il demandé.

J'ai entendu du Brassens à quatre ans dans la voix de ma mère alors qu'il a attendu une trentaine d'année pour en avoir, mais j'ai chanté un peu trop de Leforestier dans les années septante... je crois pas qu'il m'ait trouvé très drôle...

J'ai grandi pendant la carrière de Brassens et je vivais à Yverdon...
( Je suis né à Paris en 51, mes parents ont déménagé à Yverdon, petite ville industrielle vaudoise où il faut faire appel à sa vie intérieure... belle maison, école lugubre, pas beaucoup de copains. Ma mère déprimait et mes darons s'engueulaient. Quand un disque de Brassens sortait, je branlais plus rien tant que je le savais pas par cœur).

La sortie de chacun de ses disques m'a sauvé la vie jusqu'à la sortie du suivant.

Quand j'ai entendu "Pensées des Morts", j'ai pensé que chanteur, ça devait être une bonne affaire.
J'ai fini chantiste. "

SARCLO




"Brassens est incontournable. Public, chanteur, chansonniers… qui peut prétendre être sorti indemne de l’écoute de ses chansons ?
J’ai découvert son œuvre à l’adolescence, elle ne m’a jamais quitté depuis. Sur ses mélodies subtiles j’ai appris mes premiers accords de guitare. Et lorsque l’envie de chanter sur scène a été trop forte, ce sont d’abord les chansons de Brassens qui m’ont donné le courage d’oser.
De même que les comédiens aiment à revenir de temps en temps à Molière ou Shakespeare pour revisiter les œuvres qui les ont construits, j’ai besoin de retrouver régulièrement Brassens. On sait bien qu’il ne faut pas oublier d’où l’on vient si l’on veut savoir où l’on va !
Chaque fois que je reviens dans le répertoire de Brassens, j’ai l’impression étrange de rendre visite à mon vieil instituteur. Celui qui m’a d’abord enseigné les premières choses à savoir, puis initiés aux merveilles du monde, fait découvrir ses joies, ses drames, ses frivolités, mis en garde contre ses turpitudes… Celui qui m’a contraint à l’effort, qui a réprimé mes erreurs, mes maladresses et mes négligences, réprimandé ma paresse et mes chahuts.
En revisitant le répertoire de Brassens, je viens dire au vieil instituteur ma reconnaissance de m’avoir tant appris, ma fierté d’avoir peut-être progressé un peu auprès d’autres professeurs, et surtout… mon désir de continuer à chahuter ! Et le vieil instituteur m’a écouté sans rien dire, en souriant sous sa moustache. Toujours sans rien dire il m’a offert un verre…
Puis je l’ai quitté, un peu mélancolique mais comblé, avec cette impression étrange d’avoir encore appris quelques choses…"

GÉRARD MOREL (avril 2024)